Reprise en main

"Reprise en main" de Gilles Perret… Il va falloir s'y faire: Ken Loach a trouvé de la concurrence, Stéphane Brizé et Vincent Lindon également! Il va falloir compter maintenant avec Gilles Perret et Pierre Deladonchamps… Gilles Perret est surtout connu comme documentariste et compagnon de route de François Ruffin ("La Sociale", "L'Insoumis", "J'veux du soleil", "Debout les femmes!"). Cette fois il s'attaque à son premier film de fiction et, pour un premier essai, c'est un vrai coup de maître! Le néolibéralisme pour les nuls! On a l'impression que le réalisateur enfonce des portes ouvertes, et pourtant, quand on voit le résultat des élections en France, il est toujours nécessaire manifestement d'enfoncer les portes ouvertes. La chose que l'on peut souhaiter, c'est que le maximum de spectateurs se précipitent pour aller voir ce film, c'est une évidence! Foncez! Pourtant, n'ayez aucune crainte, si le film est politique, et très politique au sens fort du terme, il n' y a dans "Reprise en main" aucun didactisme. Il s'agit d'un film comme les autres, extrêmement brillant, dans la mesure où le message politique vient des images elles-mêmes, encore une fois comme une évidence. En outre, c'est remarquablement filmé avec des images somptueuses de la vallée de l'Arve, en Haute-Savoie. L'histoire, comment vous dire? C'est une usine, qui fonctionne parfaitement, donc qui attire les prédateurs, en l'occurrence les fonds de pension véreux, qui ne rêvent que d'une chose, optimiser au maximum les profits et licencier le maximum de salariés -ce que l'on appelle sans rire un plan social-! Tout, dans le film, explique en long et en large, l'économie libérale , le capitalisme -oh, pardon, l'économie de marché! Evitons les gros mots!- que l'on connaît actuellement. Mais, encore une fois, le film n'est en aucun cas ennuyeux. Au contraire! On suit passionnément la lutte des salariés qui cherchent à reprendre leur usine, en utilisant les armes de leurs adversaires. En outre, le film est drôle en même temps qu'émouvant et on ne rendra jamais assez hommage à l'équipe d'acteurs, qui n'ont pas dû accepter par hasard de participer au projet: Pierre Deladonchamps, Laetitia Dosch, Grégory Montel et tous les autres, y compris Rufus, qu'on beaucoup de plaisir à revoir! Car il forme bien une équipe et ils sont tous, chacun dans son rôle, extrêmement justes! Au total, le film est séduisant, émouvant, drôle, bref, du grand cinéma politique, et du grand cinéma tout court!