Bruce Dickinson, star du metal et pilote de ligne

Portrait

Cette scène surréaliste se répète souvent. Le pilote qui parle aux tours de contrôle du monde entier, lorsque l’avion du groupe Iron Maiden part en tournée, c’est… son chanteur, Bruce Dickinson. Cet artiste de 59 ans, qui fait rarement les choses en petit, est très souvent aux commandes du Boeing 747 qui transporte ce groupe de heavy metal, son matériel, et tous ses roadies, dans le monde entier. Le monstre ailé a un petit nom : Ed Force One. Jeu de mots qui contracte le nom de l’avion du président américain (Air Force One) et celui de la mascotte d’Iron Maiden, Eddie le zombie, présent sur tous les visuels du groupe.

L’humour anglais est omniprésent chez Dickinson, l’homme qui rêvait de ne pas être « seulement » une star de metal. Iron Maiden lui a apporté toutes les satisfactions : le succès (100 millions de disques vendus), des stades pleins, la gloire et la fortune. Une machine increvable et très lucrative, qui est attendue ce dimanche, au Hellfest de Clisson, après une première visite qui avait marqué les esprits en 2014.

Pilote, mais pas patron

Le sautillant chanteur est en première ligne de ce groupe très fédérateur et respecté par tous les festivaliers. Pourtant, il n’en est pas le boss. Le vrai patron, depuis toujours, c’est le bassiste Steve Harris. Une domination sans partage qui a généré parfois des frustrations artistiques chez le chanteur, au point de le faire partir, entre 1993 et 1999. Iron Maiden est une marque puissante mais peu portée sur l’expérimentation. « Tous ceux qui avaient quitté ce groupe étaient soit tombés dans l’oubli, soit reconvertis en chanteurs de karaoké nostalgiques », raconte-t-il dans son excellente autobiographie, parue il y a quelques mois (Talent éditions).

En solo, Dickinson sort des disques mais ne décolle pas, artistiquement. Il consacre alors beaucoup de temps au pilotage. « Je me souviens qu’il avait piloté son propre avion pour venir chanter deux chansons au Zénith de Paris, avec le groupe Angra, en 1998, devant 6 000 spectateurs, raconte Olivier Garnier, l’attaché de presse du Hellfest. Il était reparti juste après. »

Merci Cherbourg

C’est après un voyage épique, entre Cherbourg et Jersey, à bord d’un monomoteur piloté par son batteur, Nicko McBrain et l’instructeur de ce dernier, que Dickinson devient accro aux vols. « Je les ai accompagnés comme ça sur plusieurs voyages. J’étais fasciné par les instruments. Tellement fasciné que j’ai acheté un exemplaire de Flight Simulator, de Microsoft […] J’entendais déjà l’appel de la piste. »

Il obtient sa licence de pilote en 1991, franchit toutes les étapes, et réussit finalement à conjuguer sa vie de rock star avec celle de pilote de ligne, pour diverses compagnies, pendant plusieurs années. Une activité désormais plus rare, puisque Iron Maiden affectionne les tournées marathon. Heureusement, il y a Ed Force One.