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Musée : le projet d'Aéroscope bat de l'aile... |

La rénovation du Super Constellation est presque terminée. Cet avion mythique des années 50 devrait être un des clous de l'Aéroscope.
Un vrai serpent de mer. Depuis plus de dix ans, il est question de créer un musée de l'aviation à Bouguenais, près de l'aéroport. Mais l'armée de l'air, propriétaire du terrain, n'est pas décidée à vendre.
Ce musée doit s'implanter sur le site de Château Bougon. Un lieu harmonieux de 54 ha, très boisé, où sont implantés un petit château en piteux état, un hangar double tonneau et une tour de contrôle anglaise datant de 1939. Le souci, c'est que le propriétaire de l'ensemble, l'Armée de l'air, n'est pas pressé de vendre. Mais alors pas du tout.
Un dossier kafkaïen
La raison ? En préalable à toute transaction ou « transfert » du site, une dépollution doit être effectuée par la Défense. Mais, la dépense n'a jamais été considérée comme prioritaire. En fait, il s'agit de déterrer et de neutraliser d'éventuelles bombes enfouies dans le sol depuis la Seconde Guerre mondiale. Pas décidé à réaliser la « dépollution pyrotechnique », l'armée propose de refiler le bébé à la Direction générale de l'aviation civile, pas vraiment intéressée par le « cadeau. »
« C'est un dossier kafkaïen », commentent en choeur Françoise Verchère, la conseillère générale, et Michèle Gressus, le maire de Bouguenais, tous deux très irritées. La ville de Bouguenais s'est porté acquéreur du site la première fois en 1999. Et à diverses reprises, par la suite. « Toutes les parties prenantes de ce dossier n'ont jamais été réunies autour d'une table pour discuter sereinement de ce dossier. Nous le regrettons. Il y a des silences coupables. On nous balade. »
Pendant ce temps, les bénévoles de l'Aéroscope se retroussent les manches et retapent les avions. Durant quelques mois, ils entreposent leurs vieilles ailes dans le hangar double tonneau, avant d'y être délogés parce que les bâtiments sont considérés comme dangereux. Les aéronefs stationnent alors sur le parking juste devant.
Dernier épisode dans ce feuilleton raconté à grand trait : la ville de Bouguenais reçoit en janvier une lettre de la direction de l'Équipement l'informant que le ministère de la Défense a pris la décision de démolir le hangar double tonneau. Conséquence, les avions ne peuvent rester sur l'aire de stationnement et doivent être remorqués ailleurs (mais ou ?).
À peu près au même moment, Bouguenais apprend par un autre canal que le château Bougon devait lui aussi être détruit. Quid de la tour de contrôle anglaise, dont l'intérêt patrimonial est tel qu'un classement est envisagé ?
Sans site, le projet Aéroscope pourrait bien jouer les filles de l'air.
Philippe GAMBERT.